
La pandémie de Covid-19 n’a toujours pas atteint son pic en France que, déjà, certains préparent, méthodiquement, le futur détricotage des acquis sociaux de notre pays. Pour l’heure, si Macron reste vague et préfère jouer le rassembleur de la Nation, en reconnaissant au passage certaines de ses fautes [ou feignant de le faire], d’autres, à l’instar du patron du MEDEF, réclament d’ores et déjà de pouvoir revenir sur les congés payés, la durée du temps de travail et les jours fériés.
Des efforts pour reconstruire le pays ?
Sur les plateaux de télévision, une douce petite musique commence à s’installer. Il faudra « faire des efforts » après le confinement pour permettre à l’économie de repartir. Soit, personne n’est dupe. Mais une question, que semble négliger volontairement médias et gouvernement, aurait pourtant le mérité d’être posée. Grands patrons, actionnaires et banquiers devront-ils, eux aussi, faire des efforts ?
Dans les allocutions et déclarations gouvernementales, personne ne semble, pour l’instant, avoir l’intention de le leur demander, encore moins [crime de lèse-majesté] de les obliger. Même la proposition de rétablissement- temporaire- de l’ISF a été balayée d’un revers de main.
Certes, ça et là, entre dons de gel et de masques et réduction de salaires, restant hautement élevés, certains pourraient affirmer que les ménages les plus aisés participent à l’effort. mais ces petits gestes constituent l’arbre qui cache la forêt du vol qu’ils opèrent depuis des années en France : record de dividendes en 2019, fraude fiscale de l’ordre de plusieurs dizaines de milliards d’euros par an, ou encore délocalisations d’entreprises dont nos dirigeants se rendent compte seulement maintenant, en pleine pandémie, qu’elles auraient été utiles à la France.
Depuis 2017 les gestes en faveur de cette minorité d’ultra-riches se sont multipliés (suppression de l’ISF, flat tax sur les revenus du capital, suppression de l’exit tax etc.), sans pour autant, et malgré les promesses main sur le coeur, que les 99,99 % de la population en voient un seul bénéfice. Pourtant, loin de faire le constat et le bilan de ces années de chantage à l’Etat et de ces milliards perdus, ni le gouvernement, ni les « experts » des plateaux télés ne souhaitent remettre en question ce fait. Eux qui, il y a quelques mois encore affirmaient qu’il fallait encore baisser les dépenses publiques, y compris dans le domaine de la santé.
Devrons-nous encore passer par une phase d’austérité ? C’est en tout cas ce que certains avancent. L’austérité qui avait été le mot d’ordre de l’UE après la crise de 2008 avec les conséquences que nous avons vues en Grèce, en Espagne, en Italie ou en Irlande. L’Union européenne osera-t-elle encore imposer son dogme ultralibéral, alors même qu’elle a été incapable de produire une réponse cohérente face à la pandémie.
Une crise de cette ampleur devrait, dans un monde normal, remettre en cause l’ensemble des politiques économiques voulues par l’UE et qui, à leur manière, contribuent au désastre sanitaire des pays membres. Et si, pour une fois, une autre approche, ne sanctionnant pas les travailleurs, était pensée ?
Pourquoi il fallait supprimer l’ISF
1) La suppression de l’ISF sur le capital, tout comme la Flat Tax de 30 % sur les revenus du capital, avait pour objectif de mettre la France au niveau de la concurrence fiscale des autres pays européens. Rendre notre économie compétitive et attractive pour les investisseurs, créateurs de croissance et d’emplois. L’ISF n’existe nulle part dans le monde et dans aucun pays des 27 membres de l’Union européenne, à l’exception de l’Espagne ( où il a déjà été supprimé, puis rétabli ). L’économie française ne pouvait pas rester avec ce boulet aux pieds.
En Suède, Ingvar Kamprad, le PDG d’ IKEA, s’était expatrié à Londres à cause de l’ISF. Quand il a été supprimé, l’économie a décollé et Ingvar Kamprad est rentré dans son pays.
2 ) Contrairement aux inexactitudes qui sont répétées en permanence, la suppression de l’ISF n’a pas profité aux « très riches ». Ils avaient des holdings pour ne jamais payer l’ISF.
Cette suppression a profité aux petits millionnaires qui ont pour beaucoup d’entre eux un revenu de classe moyenne supérieure et composaient la majorité des contribuables ISF.
3 ) L’ISF n’est pas basé sur le revenu mais sur le patrimoine détenu. Il ne tient aucun compte du revenu. On peut gagner 800 euros par mois et devoir payer l’ISF. Conséquence ? Si on a pas d’épargne, pas de capital, on doit vendre son bien ou ses biens immobiliers pour pouvoir payer l’ISF. C’est donc une expropriation.
Un exemple tout simple : on hérite d’une maison ou d’un appartement qui a de la valeur, on tombe dans l’ISF, même si on a pas le revenu pour pouvoir le payer. Même chose pour les droits de succession. Un exemple : héritage d’une maison de 800.000 euros. Les droits à payer sont de 153.000 euros. Et si l’héritier ne dispose pas de l’épargne pour pouvoir payer ? Il est contraint de vendre son bien familial, dépossédé, exproprié par l’État, il ne peut pas rester dans la maison familiale dont il a hérité.
4 ) J’ai le souvenir de ces pauvres habitants de l’île de Ré, obligés de vendre leur terrain, donc expropriés de fait, dépossédés de leur terre familiale, pour pouvoir payer l’ISF, parce que leur revenu et leur épargne étaient largement insuffisants. Ensuite, le seuil de déclenchement de l’impôt a été relevé de 780.000 à 1,3 million, mais une fois que l’on était dans l’ISF, l’assiette commençait à 780.000. Le calcul de l’impôt commençait à ce montant, et non à 1,3 million.
L’ISF frappait aussi des gens qui gagnaient 2.000 euros par mois. Leur revenu était confisqué, avec l’addition de l’impôt sur le revenu et de l’ISF. Ils devaient puiser dans leur épargne pour payer l’ISF et pour vivre.
5 ) « Rendez l’ISF », slogan de Jean-Luc Mélenchon.
Trouver un bouc émissaire à une crise sociale ne règle jamais le moindre problème.
L’ISF, impôt socialiste créé par François Mitterrand en 1982, était le plus gros racket fiscal de tous les impôts : 340.000 personnes payaient 5,5 milliards d’ ISF chaque année, ce qui faisait une moyenne de 16.000 euros par assujetti, seulement une moyenne. Un contribuable qui détenait 10 millions d’euros de patrimoine payait 98.000 euros d’ ISF par an, même s’il n’avait que des résidences secondaires et un revenu insuffisant pour payer l’ISF.
Avant le plafonnement du Conseil constitutionnel à 75 % ( IR + CSG-CRDS + ISF ), certains contribuables ont payé plus de 100 % d’impôts sur leurs revenus, qui étaient donc intégralement confisqués à cause de l’ISF. Ils sont passés de 100 % d’impôts, voire bien plus, à 75 % de leur revenu confisqué. Il ne leur restait que 25 % de leur revenu. La gauche appelle cette spoliation la « justice sociale » et la « redistribution des richesses », mais pour que l’État les « redistribue », il doit d’abord les voler à ceux qui les ont créées et qui les détiennent. L’ISF ( « Incitation à sortir de France » ou « Impôt socialiste français », au choix ) est le contraire d’un impôt de « justice sociale » ( formulation utilisée par la gauche pour justifier le racket du contribuable ). La seule motivation de la création de cet impôt, c’est la jalousie de classe. Sanctionner et appauvrir ceux qui ont plus que les autres et qui sont déjà ceux qui payent le plus d’impôts.
6 ) Les « riches » contribuent déjà plus que n’importe qui avec l’impôt sur le revenu et les prélèvements sociaux. L’ISF venait s’y ajouter, ce qui entraînait une double imposition, sur un capital qui avait déjà été imposé lors de sa constitution.
Chiffres de la DGFIP :
40 % de l’impôt est payé par 2 % des contribuables.
70 % de l’impôt est payé par 10 % des contribuables.
7 ) L’ISF a entraîné une hémorragie de capitaux pendant 35 ans, qui a affaibli et appauvri l’économie française. Mais un contribuable ISF qui s’expatrie ne représente pas seulement une perte en capital pour l’économie française. Il sera aussi une perte en impôt sur le revenu, en prélèvements sociaux, en taxes diverses et en TVA, sans oublier sa consommation de biens et de services. Au final, le coût fiscal et économique de son absence sera infiniment plus lourd que la recette fiscale de son ISF.
« L’ISF rapporte théoriquement 5 milliards d’euros par an. Mais avec tous les capitaux et les chefs d’entreprise qu’il a fait partir, il fait perdre à la France une vingtaine de milliards d’euros de recette. En réalité, l’ISF a un coût de 15 milliards par an ».
Jacqueline Martin de Testa, inspecteur des finances publiques à la Direction générale des finances publiques.
8 ) La France a conduit une politique anti-riches pendant 35 ans. Quel a été le résultat de cette persécution fiscale ? La tiers-mondisation de notre économie, et toujours plus de pauvres ( 9 millions en 2018 ).
Il n’y a pas d’économie sans capital. L’ISF s’attaquait au capital et ruinait notre économie.
Depuis la suppression de l’ISF et la création de la Flat Tax de 30 % sur les revenus du capital, le taux d’ investissement ( rapporté au PIB ) est passé à 24 %, meilleur résultat depuis 1972.
Avec ce plafonnement à 30 % ( impôts et prélèvements sociaux ), la France reste au-dessus des taux de l’Allemagne et de l’Italie, qui sont à 26 % de Flat Tax.
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Bonjour, pour répondre à votre commentaire je préfère faire un article plutôt qu’un commentaire qui se perdra dans les bas fonds de l’article. A bientôt donc pour ma réponse.
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